Méfiez-vous des premiers ministres qui promettent de réparer rapidement les soins de santé

16 janvier 2023

Article de Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada, et Patty Coates, présidente de la Fédération du travail de l’Ontario paru dans National Newswatch.

Il est évident que le premier ministre de l’Ontario Doug Ford et la première ministre de l’Alberta Danielle Smith connaissent la célèbre citation de Winston Churchill : « il ne faut jamais gaspiller une bonne crise ». Les deux profitent de la crise en cours de notre système de santé pour apporter d’énormes modifications à motivation idéologique à la prestation de nos soins de santé. Ils promettent de réparer rapidement le système, mais leur véritable but est de le privatiser le plus possible, sapant ainsi les bases de notre système de santé public.

Certains journalistes prévoient que le premier ministre Doug Ford annoncera cette semaine une réaffectation massive de l’argent des contribuables des hôpitaux publics aux cliniques privées. Il est indéniable que l’augmentation du recours à des cliniques à but lucratif aura deux résultats : premièrement, elle réduira le financement de notre système de santé public et deuxièmement elle fera empirer la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la santé.

La réalité est que les établissements privés accordent plus d’importance à la maximisation de leurs profits qu’à celle des résultats positifs pour les patientes et patients. Même s’il s’agit d’établissements de santé à payeur unique où l’on peut utiliser la carte santé, la prestation de soins dans un but lucratif détourne des fonds des hôpitaux publics vers des investisseurs privés. Nous avons vu pendant la pandémie que les foyers de soins de longue durée à but lucratif ont eu des taux de mortalité plus élevés que les foyers sans but lucratif. Les idées innovatrices permettant d’améliorer la prestation des soins de santé sont les bienvenues, mais l’adoption d’un modèle de soins à but lucratif à l’américaine ne sera pas favorable aux gens ordinaires et n’aura pour effet que d’enrichir des investisseurs privés de millions de dollars.

Au cœur de la crise du système de santé canadien se trouve une critique pénurie de main-d’œuvre. Le personnel de la santé qui a tenu le système à bout de bras pendant toute la pandémie est épuisé et en a assez. Les établissements à court de personnel cherchent partout des personnes pouvant occuper leurs postes vacants, mais il est difficile de conserver un personnel démoralisé.

Le recrutement de la relève du personnel de la santé dans des lieux de travail où sévit une crise d’une telle envergure est un défi colossal. Il sera encore plus difficile si le nombre des membres du personnel qui quittent nos hôpitaux publics pour aller travailler dans des cliniques chirurgicales privées augmente. C’est une simple question mathématique. L’infirmière retirée du système public et placée dans un établissement privé ne sera pas facile à remplacer. La semaine dernière, Bernie Robinson, présidente intérimaire de l’Association des infirmières et des infirmiers de l’Ontario, nous a annoncé que le ratio du personnel infirmier à la population est pire en Ontario que dans le reste du Canada. Le curieux fait que le gouvernement Ford ait laissé entendre que ce serait le même personnel qui travaillerait dans les cliniques à but lucratif prouve qu’il ne comprend tout simplement pas le problème. L’infirmière déjà obligée de faire des quarts de travail doubles sera-t-elle censée effectuer un troisième et un quatrième quarts de travail dans une clinique privée?

M. Ford et les autres conservateurs ne cessent de répéter que les gens veulent de meilleurs soins, peu importe comment ils sont fournis. Or, la façon dont les soins sont fournis importe aux gens. Un récent sondage de la Fédération du travail de l’Ontario révèle que 60 % des membres de la population de l’Ontario s’opposent à la prestation privée des soins de santé. Et cette proportion ne fera qu’augmenter si la personne amenée d’urgence à l’hôpital pour des soins pressants découvre que le chirurgien de service travaille à ce moment-là dans une clinique privée où il bourre les poches d’investisseurs en effectuant des interventions rapides et faciles.

Nous voyons le système de santé public échouer dans les différentes parties du pays. Mais la solution ne consiste pas à détourner des fonds du système public vers des cliniques à but lucratif. Ce qu’il nous faut, c’est que les gouvernements de tous les ordres s’unissent pour mettre en œuvre un plan de renforcement de notre système de santé public, en commençant par combler la critique pénurie de main-d’œuvre qui sévit partout au pays.

*Certains des liens ne sont disponibles qu’en anglais. 

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