Les travailleurs tirent la sonnette d’alarme – les parlementaires doivent en tenir compte

Par Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada tel que publié dans The Hill Times*

Demandez à n’importe quel travailleur au Canada comment il va en ce moment, il vous répondra très probablement qu’il est en difficulté.

Les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs et leurs familles s’accumulent. Le prix exorbitant des aliments et le coût des logements et d’autres nécessités pèsent lourdement sur le portefeuille des travailleurs. L’inflation est très élevée, bien qu’elle s’atténue lentement, et le double coup de massue des hausses agressives des taux d’intérêt de la Banque du Canada combinées à la stagnation des salaires, a jeté de l’huile sur le feu.

D’un océan à l’autre, les collectivités sont aux prises avec les effets du changement climatique, tandis que les services publics sont poussés à leurs limites. Les urgences débordent, et les hôpitaux, les maisons de soins de longue durée et les autres établissements de soins sont confrontés à de graves pénuries de personnel qui menacent des vies.

Les droits des travailleurs sont attaqués alors que les riches PDG cherchent à maximiser leurs gains à tout prix; les entreprises déclarent des bénéfices faramineux pendant que les travailleurs voient leur salaire baisser, et des millions de personnes sautent des repas pour joindre les deux bouts.

Voici la réalité des travailleurs partout au Canada.

Les travailleurs ont besoin que le gouvernement investisse dans les solutions à ces problèmes. Des programmes essentiels comme les soins dentaires pour les enfants de familles à faible revenu et les suppléments pour les locataires à faible revenu sont un bon début, mais le gouvernement doit faire plus.

Devant l’ampleur des défis, les syndicats canadiens ont mobilisé des centaines de travailleurs et de dirigeants syndicaux sur la colline parlementaire pour rencontrer des députés et des sénateurs.

J’ai appris au fil de dizaines d’années passées à la table de négociation que personne ne comprend mieux les problèmes – et les solutions – que les travailleurs eux-mêmes. Ils attendent avec impatience de pouvoir partager leurs histoires et leurs expériences avec les décideurs. Les parlementaires feraient bien, pour notre bien à tous, d’en tenir compte.

Les travailleurs du secteur des soins sont mis à rude épreuve après avoir donné leur maximum pendant la pandémie. Le Premier ministre rencontrera bientôt les premiers ministres provinciaux pour discuter du financement de la santé, ce que les syndicats du Canada réclament depuis longtemps. Nos systèmes de soins sont au point de rupture, une personne sur quatre ne pouvant accéder aux soins dont elle a besoin pour elle-même ou un proche. Notre avenir dépend d’un investissement immédiat dans les soins. Les demandes des travailleurs de la santé pour des investissements substantiels dans le système public de soins du Canada amélioreront la santé et le bien-être des Canadiens et rendront la vie plus abordable, renforçant ainsi la résilience de notre société et de notre économie. Le Canada peut trouver une issue à la crise des soins en augmentant les transferts en santé et en collaborant avec les provinces et les territoires pour mettre en œuvre des programmes de soins tels que l’assurance-médicaments publique universelle, les soins dentaires pour tous, les soins de santé mentale universels et les soins de longue durée financés par les deniers publics

Les travailleurs du secteur de l’énergie connaissent mieux que la plupart d’entre nous les effets du changement climatique. Plusieurs d’entre eux vivent et travaillent dans des collectivités ravagées par la crise climatique, et savent qu’il est nécessaire de diversifier notre secteur énergétique. Ces travailleurs ont besoin d’un plan pour que notre économie saisisse les opportunités de nouveaux emplois dans ces secteurs émergents. C’est pourquoi ils exhortent les décideurs à investir dans des emplois syndiqués et durables qui protègent leur qualité de vie, leur emploi et leurs collectivités.

Les syndicats sont profondément enracinés dans les collectivités partout au pays, et l’ensemble de la société profite des gains réalisés par les travailleurs syndiqués. Les travailleurs exhortent les parlementaires à protéger leurs droits en adoptant une loi anti-briseurs de grève ferme. L’interdiction de recourir à des travailleurs de remplacement permettra d’éviter que les arrêts de travail ne se transforment en batailles interminables, et contribuera à limiter le pouvoir démesuré des employeurs dans le processus de négociation.

Notre économie favorise une poignée de riches au sommet, et trop souvent, ce sont leurs voix qui dominent le discours public. Mais ce sont les travailleurs syndiqués qui créent une classe moyenne forte en luttant pour des augmentations de salaire, des pensions et des programmes sociaux qui aident les gens à continuer à travailler, comme les soins de santé et les services de garde. Les décideurs ont tout intérêt à s’en souvenir le 7 février lorsqu’ils écouteront les travailleurs des circonscriptions de partout au pays.

Bea Bruske est la présidente du Congrès du travail du Canada. Suivez-la sur Twitter @PresidentCLC

*Certains des liens ne sont disponibles qu’en anglais.