Cessez de faire porter aux moins bien nantis le fardeau des temps économiques difficiles

17 novembre 2023

Par Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada tel que publié dans The Hill Times

Depuis 20 ans qu’il est un homme politique élu, Pierre Poilievre a perfectionné l’art d’exploiter le mécontentement. Il est passé maître dans l’art d’assener des arguments. Il ne cesse de publier sur YouTube des vidéos manifestant la colère, exploite les algorithmes des médias sociaux et provoque la rage sur X. Mais tous ses efforts visant à attiser la rage n’aident nullement les gens.

M. Poilievre a beau se faire passer pour un gars ordinaire et prétendre qu’il couvre les arrières des travailleurs et travailleuses, ce n’est pas ce qu’il est, ni ce qu’il fait. Rappelons-nous que du temps où il faisait partie du conseil des ministres, il défendait toutes les coupures que les conservateurs prévoyaient apporter à l’AE et à d’autres soutiens sur lesquels comptaient les travailleurs et travailleuses et les familles. Encore aujourd’hui, il continue à s’opposer aux soins dentaires gratuits pour les familles à faible revenu.

Il est indéniable que les gens ont de la difficulté. La colère et la frustration existent bel et bien. Alors même que l’inflation ralentit, la croissance des salaires continue d’accuser un retard par rapport à la hausse du coût du logement et des aliments. Un Canadien ou une Canadienne sur trois fait partie d’un ménage éprouvant des difficultés financières. Statistique Canada vient de publier une étude indiquant qu’après l’année 2020 où a eu lieu la réduction la plus grande de la pauvreté, c’est l’augmentation la plus grande jamais vue qui s’est produite l’année suivante. Entre-temps, les ultrariches comptant pour 0,01 % de la population ont vu leur revenu moyen atteindre 12,5 millions de dollars, dépassant les six chiffres pour la première fois. Vous connaissez le genre—de riches PDG vivant dans la stratosphère qui ne sauraient même pas dire combien coûte un pain ou une douzaine d’œufs de nos jours.

Où cela laisse-t-il la ministre des Finances Chrystia Freeland qui prépare la mise à jour financière de cette semaine? Le gouvernement a l’occasion de montrer qu’il a été à l’écoute. Madame Freeland peut déposer une Mise à jour économique et financière qui cesse de faire porter aux moins nantis le fardeau des temps économiques difficiles.

Il est évident que les chefs d’entreprise n’agiront pas dans l’intérêt public de leur plein gré. Le fait est qu’on ne manque pas de blâme à attribuer pour tenir les entreprises responsables de profiter de l’inflation et de hausser leurs profits aux dépens de leur clientèle. Il est clair que si l’on permet aux grandes entreprises d’agir à leur gré, elles tireront un profit de tout ce qu’elles peuvent. Les gouvernements ont pour devoir de faire contrepoids en agissant pour le bien public.

Cela exige plus que des modifications aux lois sur la concurrence. La Mise à jour économique et financière doit aller plus loin et freiner les hausses de prix excessives ainsi qu’obliger les sociétés pétrolières et les chaînes de magasins d’alimentation extrêmement rentables à enfin payer leur juste part en imposant une taxe sur les profits excessifs.

Le gouvernement pourrait ensuite montrer qu’il comprend les temps durs que vivent les travailleurs et travailleuses et les familles en utilisant les recettes supplémentaires pour mieux apporter de l’aide aux personnes qui en ont besoin.

Nous avons vu quelques progrès en matière de logement, mais l’échelle des besoins continue de dépasser grandement celle de l’action gouvernementale. Il nous faut de radicaux nouveaux investissements pour accroître les logements non commerciaux en en construisant et en créant un Fonds d’acquisition de logements sans but lucratif pour convertir des logements existants en foyers abordables pour les personnes à revenu faible ou moyen.

Entre-temps, les familles continuent à être appelées à payer des prix exorbitants pour des médicaments sur ordonnance. L’établissement d’un régime d’assurance-médicaments à financement public et à administration publique est un autre élément crucial de la solution à apporter à la crise de l’abordabilité.

En dernier lieu, certaines régions voient augmenter le nombre des mises à pied à mesure que notre économie ralentit. Pourtant, moins de 4 personnes en chômage sur 10 reçoivent des prestations d’assurance-emploi. En engageant une réforme de l’AE, la Mise à jour économique et financière pourrait enfin voir à ce que ce soutien critique soit accessible aux personnes qui en ont besoin.

En somme, le meilleur moyen que le gouvernement peut prendre pour répondre à l’attisement de la rage par le conservateur M. Poilievre consiste à déposer une mise à jour financière montrant que le gouvernement a été à l’écoute — et qu’il apporte une vraie aide aux personnes qui en ont besoin.

Bea Bruske est la présidente du Congrès du travail du Canada. Vous pouvez la suivre sur Twitter @PresidentCLC

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