Déclaration du Labour 7 aux ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales du G7

14 mai 2025

Le Labour 7 invite les pays du G7 à mettre la création d’emplois verts et décents au cœur des politiques économiques

Travailleuses et travailleurs dans le feu croisé : l’inflation, l’austérité, les emplois précaires et l’augmentation de l’insécurité

Les travailleuses et travailleurs des pays du G7 ont dû composer ces dernières années avec une série de chocs qui ont grevé considérablement les revenus des ménages et compromis la sécurité d’emploi. La flambée d’inflation de 2022-2023 a créé une crise du coût de la vie très marquée qui se poursuit. À mesure que les prix des biens et services essentiels montaient en flèche, les salaires ont pris du retard, ce qui a réduit grandement le pouvoir d’achat des familles travailleuses. Les banques centrales ont réagi en relevant fortement les taux d’intérêt, ce qui a haussé le coût d’emprunt et réduit à la fois les investissements des entreprises et la consommation des ménages. Dans de nombreux pays, les taux d’intérêt élevés ont alimenté une augmentation du revenu du capital, ainsi que de l’inégalité des revenus et de la richesse et de la polarisation sociale.

Bien que le ralentissement de l’inflation ait fait baisser les taux d’intérêt depuis un an, les relèvements antérieurs des taux continuent à freiner l’offre de crédit. Une forte proportion des dettes hypothécaires et des entreprises contractées en période de bas taux d’intérêt n’est pas encore échue et devra être refinancée dans un proche avenir. Le refinancement comportera un prix plus élevé, ce qui haussera les paiements d’intérêt et imposera des contraintes supplémentaires aux finances des ménages et des entreprises. La politique monétaire restrictive, jumelée à des politiques d’austérité ou à des politiques budgétaires trop prudentes, a eu de profonds effets sur le marché du travail. Les taux de chômage ont augmenté dans plusieurs pays du G7, particulièrement dans des secteurs tels que la construction et la fabrication, qui sont extrêmement sensibles à la hausse des taux d’intérêt et comptent fortement sur le maintien de la demande des consommateurs et des investissements publics et privés. De nombreuses entreprises ont reporté ou annulé des projets, ce qui a donné lieu à des restructurations, à des mises à pied, à des gels de l’embauche et des salaires et à une réduction des possibilités d’emploi. Entre-temps, la proportion des emplois qui sont précaires, à temps partiel et atypiques a augmenté dans bien des pays, témoignant d’une tendance plus vaste à l’augmentation des emplois de mauvaise qualité et plus instables — qui nuit démesurément aux groupes vulnérables comprenant les femmes, les jeunes et les personnes migrantes qui sont surreprésentés dans les emplois de ces formes.

L’incertitude répandue, à la faveur non seulement de la hausse du coût de la vie et des frais d’emprunt et des faibles perspectives d’emploi, mais aussi de l’évolution du paysage géopolitique, des conflits et des perturbations du commerce continue à projeter une ombre sur l’économie mondiale. La récente adoption de tarifs douaniers extrêmement perturbateurs a déjà déstabilisé les chaînes d’approvisionnement et accru les pressions financières faites sur les producteurs, les investisseurs et les consommateurs. Alors que le système commercial mondial actuel a donné lieu à une course à la réduction des salaires et des conditions de travail, le recours aux tarifs douaniers en tant qu’outil politique nuira démesurément aux groupes à faible revenu en raison de leur vulnérabilité supérieure à la hausse des prix et de l’augmentation du risque de perte d’emploi.

Par suite de ces pressions extérieures, entre autres, l’activité économique a ralenti dans la plupart des pays du G7 et au-delà de ceux-ci. Le ralentissement affecte le marché du travail, sur lequel la croissance de l’emploi perd de la vitesse et les plans d’embauche sont de plus en plus prudents. Il est donc d’une importance cruciale d’adopter des politiques concertées économiques, commerciales et relatives au marché du travail qui permettent de tenir compte de l’évolution du marché du travail et donnent la priorité aux droits et aux besoins des travailleuses et travailleurs, y compris le besoin de créer des emplois de qualité.

Voie à suivre : soutenir la croissance économique inclusive et riche en emplois

Alors que l’inflation a été le principal sujet d’inquiétude ces dernières années, la principale menace actuelle tient à la prolongation de la stagnation économique et de la dégradation du marché du travail. Le Labour 7 craint que la poursuite d’une politique monétaire restrictive risque de freiner l’activité économique, de réduire la demande et même de faire passer l’inflation en dessous de la cible dans plusieurs pays du G7, y compris le Canada, l’Allemagne, la France et l’Italie. Une politique monétaire excessivement restrictive risque également d’accroître les faiblesses du marché du travail, déclenchant ainsi un cycle de restructuration économique. Pour que cela ne se produise pas, le Labour 7 incite les banques centrales des pays du G7 à réduire les taux d’intérêt à un rythme accéléré. Afin de minimiser le risque de poussée inflationniste très marquée et d’empêcher les entreprises de hausser les prix et d’élargir leurs marges, il est indispensable d’ajouter à la boîte à outils politique des mesures visant à freiner les marchés monopsones ou oligopolistiques, à renforcer les contrôles appropriés des loyers et des prix, à élargir les stocks d’approvisionnement stratégiques et à renforcer les institutions du marché du travail, y compris la négociation collective, de manière à coordonner l’établissement des salaires et des prix.

De plus, la politique budgétaire joue un rôle clé dans la stimulation de la demande globale et le soutien de la création d’emplois. Dans bien des pays, toutefois, la politique budgétaire restrictive et les mesures d’austérité ont retardé les investissements nécessaires et donné lieu à la réduction des investissements sociaux. Les investissements publics stratégiques, jumelés à un fort secteur public disposant de ressources financières, humaines et matérielles suffisantes, est indispensable — non seulement à la stimulation de la consommation, à la promotion de l’emploi et à l’avancement de la transition juste, mais encore à l’amortissement des effets de tout ralentissement économique et pour contrer les effets négatifs de l’augmentation du protectionnisme commercial découlant de la guerre commerciale en cours. Puisque l’inflation est maintenant contrôlée dans une grande mesure, le Labour 7 appelle à un passage à une politique budgétaire expansionniste. Les gouvernements doivent donner la priorité à la relance, à la résilience économique et sociale, à l’action climatique et à la stabilité à long terme afin de défendre les droits et le gagne-pain des travailleuses et travailleurs.

Le meilleur moyen d’y arriver consiste à adopter des politiques fiscales plus équitables et plus progressistes, y compris des impôts progressifs sur la fortune et le revenu du capital, la majoration des taux d’imposition effectifs du revenu des sociétés, un impôt sur les transactions financières et un cadre juridique clair et stable d’imposition des bénéfices exceptionnels réalisés dans un contexte de récession économique aux dépens des travailleuses et travailleurs. Ces mesures doivent être accompagnées d’investissements accrus dans les soins de santé, la protection sociale, l’éducation et d’autres services publics essentiels, d’une politique active sur le marché du travail, de programmes d’acquisition de compétences et d’éducation permanente, de logements abordables, d’énergie propre et abordable ainsi que d’infrastructures et de technologies vertes. Les gouvernements doivent investir dans les politiques sociales et garantir un accès universel aux services publics et à l’aide sociale. Cela accroîtrait la résilience des économies en temps d’incertitude et de bouleversement. Les investissements publics doivent être conditionnels au respect des droits des travailleuses et travailleurs, soit d’abord et avant tout de leurs droits de négociation collective et de leur liberté d’association, et au respect des normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Malgré les possibilités budgétaires restreintes et l’augmentation des dépenses militaires, le Labour 7 incite les membres du G7 à honorer leur engagement à consacrer au moins 0,7 % de leur RNB à l’aide publique au développement afin de contrer les très forts contretemps du développement et les nouvelles crises de la dette des pays en développement.

L’année dernière, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G7 ont convenu que « l’ensemble des politiques nationales pour une transition juste devrait être conçu de manière à encourager l’innovation, le financement et l’investissement dans les technologies vertes, à refléter les considérations d’équité et à promouvoir le soutien social et politique de l’action climatique » (Stresa, mai 2024). Il est temps de prendre des mesures plus poussées en mettant en œuvre des politiques faisant avancer l’action climatique en même temps qu’elles favorisent la création d’emplois verts et décents et respectent les droits fondamentaux du travail et particulièrement le droit de négocier collectivement, conformément aux Principes directeurs pour une transition juste établis en 2015 par l’OIT.

Le Labour 7 incite les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays du G7 à :

  • Réduire plus rapidement les taux d’intérêt et adopter des politiques budgétaires expansionnistes pour stimuler la demande et la création d’emplois de qualité et prévenir le freinage de la relance économique.
  • Coordonner les politiques budgétaires et monétaires pour stabiliser les prix et préserver l’abordabilité à long terme, notamment par des mesures visant à freiner les marchés monopsones et oligopolistiques, à renforcer les contrôles appropriés des loyers et des prix, à élargir les stocks d’approvisionnement stratégiques et à renforcer les institutions du marché du travail, y compris la négociation collective.
  • Mettre en œuvre des politiques fiscales plus équitables et plus progressistes pour accroître la marge de manœuvre fiscale et réduire l’inégalité, y compris des impôts progressifs sur la fortune et le revenu du capital, la majoration des taux d’imposition effectifs du revenu des sociétés, un cadre juridique clair et stable d’imposition des bénéfices exceptionnels et un impôt sur les transactions financières.
  • Renforcer les politiques actives sur le marché du travail et les programmes d’acquisition de compétences et d’éducation permanente afin de réduire le chômage et d’accroître l’adaptabilité du marché du travail.
  • Accroître les investissements dans les soins de santé, la protection sociale, l’éducation et le logement abordable afin de sauvegarder des moyens de subsistance, d’améliorer la mobilité et de réduire la pauvreté et la ségrégation.
  • Accroître les investissements dans l’énergie propre et abordable ainsi que les infrastructures et technologies vertes afin de stimuler la création d’emplois verts et de qualité et de faire avancer la transition juste.
  • Défendre les droits fondamentaux du travail, et particulièrement le droit de négocier collectivement, notamment en tant qu’outil de promotion de la croissance des salaires réels dont la nécessité a été reconnue par les dirigeants du G7 dans le communiqué d’Hiroshima de 2023.
  • Se conformer à l’objectif internationalement convenu de l’ONU de consacrer 0,7 % du RNB à l’aide publique au développement.

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