Affaiblissement des droits des travailleuses et travailleurs : le gouvernement doit mettre fin au recours exagéré de l’article 107
Déclaration de Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada
OTTAWA – La décision du gouvernement d’ordonner le retour au travail des travailleuses et travailleurs du STTP vient brutalement nous rappeler l’ingérence constante du gouvernement dans le processus de négociation collective. L’utilisation abusive de l’article 107 du Code canadien du travail mine les droits fondamentaux des travailleuses et travailleurs, prolonge les différends et sape la confiance à la table de négociation.
Soyons clairs : les ententes les meilleures et les plus durables sont conclues — et non imposées — par le biais de discussions de bonne foi à la table.
Depuis plus de 150 ans, les travailleuses et travailleurs de Postes Canada ont permis d’établir des liens entre les collectivités, constituant l’épine dorsale de notre système postal et de notre économie. Ils méritent des salaires équitables, de meilleures conditions de travail et la dignité à la retraite.
Il s’agit de la quatrième fois rien que cette année que ce pouvoir extraordinaire prévu par l’article 107 de la partie I du Code canadien du travail est invoqué par le gouvernement, touchant ainsi sept groupes distincts de travailleuses et travailleurs dont le droit de participer à des arrêts de travail légaux, protégés par la Charte, a été bafoué.
Une telle ingérence répétée viole non seulement ces droits fondamentaux, mais crée également un dangereux précédent, signalant aux employeurs qu’ils peuvent compter sur le gouvernement pour les soutenir plutôt que de respecter le processus de négociation collective. Nous exigeons que cesse l’utilisation abusive de l’article 107 par le gouvernement, et des critères précis pour limiter l’utilisation de cet article selon les caprices des politiciens.
Par ailleurs, il est décevant mais non surprenant que le chef conservateur Pierre Poilievre ait réclamé une intervention du gouvernement qui viole les droits des travailleuses et travailleurs. Malgré ses nobles déclarations en faveur des travailleurs et de leurs syndicats, M. Poilievre a montré à maintes occasions que, dans la pratique, il ne soutiendra jamais les travailleuses et travailleurs et leur droit de grève.
À l’approche des prochaines élections fédérales, le gouvernement doit consulter les syndicats et les travailleurs au sujet de l’utilisation abusive de l’article 107 et s’engager à respecter les droits des travailleuses et travailleuses. Compromettre la négociation collective nuit à la démocratie elle-même.
Les syndicats du Canada sont solidaires des travailleuses et travailleurs des postes et de tous les travailleurs qui prennent la difficile décision de faire la grève afin d’obtenir l’équité. Les travailleuses et travailleurs sont laissés pour compte alors que les entreprises enregistrent des profits records, ce qui exacerbe les inégalités économiques croissantes au pays. Les interventions gouvernementales qui compromettent la négociation collective ne font que faire pencher la balance encore davantage au détriment des travailleuses et travailleurs.
La seule voie vers une stabilité et une équité durables s’exprime par un respect mutuel et des négociations de bonne foi, rien de moins. Nous exigeons mieux pour tous les travailleurs et travailleuses de ce pays.