
Le personnel des poste mérite des conditions équitables plutôt qu’une ingérence gouvernementale
Déclaration de Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada
Les syndicats du Canada sont très déçus — et vivement inquiets — de la décision de la ministre Hajdu d’imposer un vote sur les offres finales de Postes Canada. Soyons clairs : les ententes les plus fortes et les plus durables sont celles qui sont conclues à la table de négociation et non celles qui sont imposées par l’ingérence gouvernementale.
Cette décision est plus qu’un faux pas : c’est une grave violation des principes de la libre négociation collective. Plutôt que de demeurer impartial, le gouvernement fédéral agit de nouveau au nom de Postes Canada en compromettant le droit du STTP d’être l’unique agent négociateur de ses membres. Plutôt que de soutenir la négociation équitable de bonne foi entre les parties, le gouvernement poursuit l’inquiétante tendance antisyndicale des gouvernements libéraux et conservateurs. En indiquant aux employeurs qu’ils peuvent faire traîner les négociations en longueur et ensuite se voir récompenser d’un raccourci législatif, le gouvernement compromet les bases de la négociation libre et valable. Il transmet ainsi un dangereux message : il n’est pas nécessaire que les employeurs négocient de bonne foi; il suffit qu’ils attendent, campés sur leurs positions.
C’est inacceptable. Cela bafoue les droits des travailleuses et travailleurs garantis par la Charte et crée un précédent dommageable pour tous les travailleurs et travailleuses syndiqués du Canada.
Les syndicats du Canada ne se croiseront pas les bras pendant que cela se produit. Ils ne se tairont pas pendant que des services publics se font démanteler et que des travailleuses et travailleurs se font écarter.
Les membres du STTP luttent pour plus qu’une convention collective. Ils défendent l’avenir de Postes Canada et la relève de son personnel qui risque de se faire imposer des emplois précaires à la demande. Si nous voulons mettre fin à la course à la réduction des salaires et des conditions de travail, nous devrions épauler ces travailleuses et travailleurs et non les mettre sur la touche.
Postes Canada a, à la différence des autres entreprises privées, une présence dans toutes les collectivités du Canada. Alors que les grandes banques abandonnent les petits centres ruraux, Postes Canada y demeure. Pourquoi donc n’investissons-nous pas dans des innovations telles que la banque postale, qui pourrait fournir des services financiers là où les gens en ont le plus besoin?
La population canadienne est réceptive à d’audacieuses idées permettant de renforcer le pays. Le renforcement de la Société canadienne des postes devrait être une de ces idées. Les syndicats du Canada ne laisseront pas les stratégies patronales désuètes démolir cette société.
Postes Canada n’est pas qu’un service. C’est une institution publique. C’est un pilier de bons emplois syndiqués et un lien vital pour les collectivités de tout le pays. Son affaiblissement nous nuirait à tous.
Le gouvernement fédéral doit respecter le processus de négociation collective. Il doit bâtir avec les travailleuses et travailleurs une Société canadienne des postes pouvant répondre aux besoins de l’avenir.