Déclaration de Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada
En réponse au discours prébudgétaire du premier ministre du Canada
OTTAWA — Le premier ministre Carney a raison de dire que le Canada fait face à l’incertitude, mais pour de nombreux travailleurs et travailleuses, cette incertitude est maintenant devenue une réalité.
Partout au pays, les travailleuses et travailleurs sont mis à rude épreuve par la crise de l’abordabilité et du logement, les pertes d’emplois liées à la guerre commerciale en cours avec les États-Unis et une inquiétude croissante face aux conséquences de l’IA et de l’automatisation sur leur gagne-pain. Ce ne sont pas des défis abstraits, mais la réalité quotidienne des familles qui tentent de mettre du pain sur la table, de payer leur loyer et d’améliorer leur vie.
Le premier ministre a parlé aujourd’hui « de réduire les dépenses et d’investir davantage ». Les syndicats du Canada conviennent que l’investissement est essentiel — mais on ne peut pas demander aux travailleuses et travailleurs d’en payer le prix en réduisant les services publics et les soutiens sur lesquels leurs familles comptent. On ne peut pas accroître la résilience en coupant dans les systèmes, ceux-là mêmes qui aident les gens à faire face aux moments difficiles.
Si le gouvernement cherche une marge de manœuvre budgétaire, il devrait commencer par aller voir du côté de ceux qui peuvent la payer — les entreprises et les PDG qui ont enregistré des profits records alors que les travailleuses et travailleurs peinent à améliorer leur sort. Au cours des dernières années, les marges bénéficiaires des entreprises ont grimpé en flèche, tandis que les salaires ont à peine suivi le rythme de l’inflation. Éliminer les échappatoires fiscales, lutter contre la concentration des entreprises et veiller à ce que les entreprises rentables paient leur juste part représentent de bien meilleurs choix que de réduire les services dont les travailleurs et leurs familles dépendent pour maintenir les communautés fortes et résilientes.
Les syndicats du Canada exhortent également le gouvernement à effectuer des investissements audacieux qui garantissent de bons emplois et renforcent nos fondements économiques — en relançant l’industrie manufacturière nationale, en soutenant l’infrastructure publique et en élaborant une stratégie climatique qui répond aux besoins des travailleuses et travailleurs et de la planète. Cela comprend des programmes de recyclage et de perfectionnement professionnel, une politique industrielle qui récompense les employeurs qui créent des emplois syndicaux et un plan de transition juste qui ne laisse aucun travailleur ni aucune collectivité pour compte.
Nous accueillons favorablement tout effort d’investissement dans la croissance durable et dans une stratégie industrielle moderne qui renforce la capacité canadienne et favorise la vitalité de nos collectivités. Mais ces investissements doivent faire place aux travailleuses et travailleurs — directement à la table, et non en marge — pour garantir qu’ils créent de bons emplois syndicaux et assurent un avenir sûr dans toutes les régions du pays.
Les syndicats du Canada sont prêts à travailler avec le gouvernement pour faire croître notre économie par l’équité — et non par l’austérité. Ensemble, nous pouvons bâtir un Canada qui est favorable à tous les travailleurs et travailleuses.